LA SEMAINE DES 35 HEURES A LA FRANCAISE :
FLEXIBILITE GRACE AU PROGRAMME DE REPARTITION DU TRAVAIL POUR PASSER
AU NOUVEAU SIECLE
Le gouvernement socialiste français réalise enfin sa promesse
électorale et offre à la nation sous la forme d’une loi ce
qui fut à un certain moment en Allemagne le programme du siècle
de la Confédération des travailleurs allemands (DGB): le
temps de travail est réduit de 39 à 35 heures. Trois millions
de chômeurs doivent participer à l’accroissement de l’économie
au lieu de peser sur le système social. Si tous travaillent moins,
il devra être employé plus de main-d’oeuvre, tel est le calcul
de l’Etat. Avant et après l’adoption de la loi, il se passe des
choses étonnantes aux yeux des observateurs allemands, rodés
en matière de théâtre tarifaire (où agissent
les syndicats du DGB et les fédérations patronales): des
partis politiques se disputent au parlement sur le temps de travail adéquat
en France, les partenaires de coalition menacent de rompre l’alliance gouvernementale,
des entrepreneurs protestent contre le gouvernement et bloquent entre autres
les routes de transport de la France, les syndicats protestent contre le
gouvernement et les entrepreneurs, bloquent également les routes
et les frontières et des syndicats qui se sentent proches des communistes
français dans la coalition gouvernementale se disputent avec ceux
qui sont indépendants. Malgré toutes les protestations :
la loi est adoptée et pour les chômeurs français commence
la vie en rose.
Toutefois, même à l’Elysée, on ne croit pas non
plus vraiment que la répartition souhaitée du travail suive
automatiquement la réduction du temps de travail. La loi considère
le nouveau temps de travail de prime abord comme une exigence envers
les entreprises et craint que l’effet créateur d’emplois souhaité
ne soit guère possible sans une subvention renforcée. C’est
pourquoi depuis 1998, le gouvernement persuade au moyen de subventions
les entreprises introduisant la réduction du temps de travail
avant l’entrée en vigueur de la loi, promet des allocations
aux entreprises créant de nouveaux emplois et subventionne leurs
cotisations aux caisses sociales. L’offre de l’Etat de réaliser
la semaine des 35 heures « sans frais supplémentaires »
pour les patrons français et de grever ainsi le budget d’environ
60 milliards de francs, soulève directement la question de son refinancement.
L’idée de se servir du salaire sous la forme d’un prélèvement
dans les caisses sociales, s’y il est déjà offert aux travailleurs
français la semaine des 35 heures, ne rencontre que peu d’enthousiasme
chez les employeurs parce que dans ce cas ils se paieraient eux-mêmes
leur subvention par le biais des caisses sociales. Avec la menace de quitter
le système social français, ils se défendent avec
succès contre le fait qu’on leur prenne « leur » argent.
Au lieu de cela, l’Etat français finance maintenant les nouveaux
emplois par l’introduction de nouvelles taxes à la consommation
et l’augmentation des anciennes et se sert ainsi du salaire.
En outre, la loi recherche et provoque tout autre chose. L’Etat prend
à coeur les plaintes de ses entrepreneurs selon lesquelles ils ne
peuvent pas produire un produit social brut passable avec un temps
de travail réduit et il abroge la réglementation des heures
de travail valable jusqu’à présent sous le titre : «
Uniformisation des prescriptions sur la flexibilité du temps de
travail ». De cette façon, il fait du monde ouvrier français
une masse manoeuvrable librement dans le temps. La semaine des 35 heures
est considérée être remplie s’il est travaillé
1600 heures dans l’année, donc s’il est calculé 35
heures en moyenne annuelle. La répartition de ces 1600 heures revient
aux entreprises et est négociée dans les différentes
branches entre les employeurs et les syndicats - avec le résultat
que chaque branche ou bien chaque entreprise choisit la combinaison adéquate
d’une durée de travail supérieure et inférieure. C’est
ainsi que dans la nouvelle semaine des 35 heures, il peut être travaillé
44 heures pendant 12 semaines consécutives, et le papa français
n’appartient plus le dimanche à sa famille si l’entreprise
a besoin de lui.
Contrairement à la réduction du temps de travail, la
flexibilité totale du temps de travail rencontre l’accord unanime
du capital établi en France. L’Etat français en effet
remplit le besoin profondément capitaliste de pouvoir utiliser la
force de travail seulement quand l’entreprise en a besoin.
Ceci réduit les frais de l’entreprise en général
et du travail en particulier : il y a moins de temps mort comme cela
arrive toujours dans les conjonctures d’une entreprise. Cela exige
moins de travail si chacun est un ouvrier en réserve à la
disposition immédiate. Les majorations pour les heures supplémentaires
deviennent inutiles et le salaire diminue également si p.e. les
jours fériés payés jusqu’à présent sont
maintenant compensés par des jours de repos. Ou bien inversement
: le travail payé est plus effectif car il n’est utilisé
que lorqu’on en a vraiment besoin. C’est ainsi que le temps de travail
plus court et flexibilisé rapporte au moins autant que le temps
plus long d’avant.
Ceci signifie bien sûr : avec la création de la force
de travail disponible à tout moment, la loi se met en contradiction
avec son point de départ . La modernisation établie par la
flexibilité du monde ouvrier français provoque le contraire
de la réduction promise du nombre des chômeurs étant
donné que l’efficacité du travail rend superflue la force
de travail. Le gouvernement soupçonne lui aussi que les employeurs
une fois de plus ne pensent qu’à eux-mêmes et non à
l’emploi pour le lieu d’investissement et de production et rationalisent
en économisant sur le salaire, aussi cherche-t-il des modalités
pour amener les employeurs à embaucher quand même plus de
travailleurs malgré la flexibilité. Au sein de la coalition,
il est longuement discuté si et comment une obligation à
de nouvelles embauches devrait être réglée par la loi.
Finalement, les Verts et les communistes au gouvernement se laissent également
persuader que seul le capital sait combien d’emplois sont propices à
l’économie. A la fin, il ne reste plus du point de départ,
à savoir créer par loi davantage de travail, qu’une amende
ridicule payable pour ces heures supplémentaires qui dépassent
la « zone tampon » accordée généreusement
par la loi.
En sa qualité de patron, l’Etat présente en outre
à son économie de façon exemplaire en quoi consiste
sa loi :
« Zuccarelli (Ministre de la fonction publique) veut utiliser la
réduction du temps de travail pour imposer plus de flexibilité
dans les temps de travail et rendre la fonction publique plus efficace
par le remaniement du personnel sans augmenter le nombre des employés.
»(SZ, 9.2.00)
Le gouvernement français même ne considère donc
pas sa loi comme une « obligation » à de nouveaux
emplois, mais comme une chance de rationaliser le personnel
des hôpitaux, de faire travailler plus intensivement les facteurs
et d’exiger davantage en général de son personnel. C’est
ainsi qu’il met simultanément en évidence en quoi consiste
la semaine des 35 heures: en tant qu’une offre au patronat français
pour faire progresser le lieu d’investissements et de production français
par l’utilisation efficace de la force du travail. Et si par ce moyen
il en résulte une croissance, provoquant une ou autre embauche,
ceci se laisse fêter sans fausse pudeur comme un succès du
gouvernement socialiste et de son programme de création d’emplois.
(Article traduit de l’illustré GegenStandpunkt No. 2-2000)